Apprendre à vivre avec l’annonce de la maladie mentale
L’annonce de la maladie mentale d’un proche plonge la famille dans un monde nouveau où les règles du jeu, qui sont inconnues, suscitent beaucoup d’appréhension et d’inquiétude. Tous les membres de la famille vivront des changements importants et, pour la plupart des membres de la famille, ces changements seront perçus comme négatifs, du moins jusqu’à ce que la période d’adaptation soit terminée. L’adaptation est un phénomène naturel que toutes les créatures de la nature vivent, incluant l’être humain. Ce phénomène nous permet de survivre mais, encore plus, l’apprentissage de nouvelles connaissances et habiletés devient alors possible. Lorsque nous développons ces habiletés, elles font partie de notre sac d’outils pour le reste de notre vie. C’est ainsi que l’individu grandit.
L’adaptation exige que l’individu vive l’étape du choc suivie du processus de deuil, avant d’intégrer sa nouvelle réalité et d’y trouver satisfaction. Ces processus ne se font pas en ligne droite mais se succèdent en spirale et sont à prévoir lors de rechutes de notre proche atteint de maladie mentale. Le temps nécessaire à chacun pours’adapter varie d’un individu à l’autre. Malgré les difficultés que l’on peut rencontrer, tous les individus ont la capacité de s’adapter. Il suffit de rester ouvert à l’expérience et de ne pas demeurer inerte ou de lutter contre les éléments nouveaux.
État de choc
Nous ne sommes pas nus devant l’épreuve, nous y faisons face vêtus des habiletés que nous avons développées au fil des ans. Nous y arrivons en étant entouré de notre réseau de soutien, qui est souvent beaucoup plus solide que l’on pense. Peu importe le contexte, nous réagissons tous aux situations de crise dans un état de choc.
Les réactions chez la personne sont les suivantes :
- Un resserrement du niveau d’attention. Elle devient fixée sur l’objectif de trouver une solution au problème, sans lever les yeux pour vérifier l’aide disponible à l’horizon.
- Une diminution des rapports d’affection. Elle se sent aliénée et seule. Les rapports avec ses proches deviennent tendus et mécaniques.
- Une perte du sens de l’identité. La personne a de la difficulté à se définir et à déterminer ses habiletés. Ses succès passés ne sont plus sources de fierté.
- Une perte du sens du rôle social. Son rendement au travail, à l’école, avec son entourage diminue et devient erratique.
- Une perte de la notion du temps. Elle se rappelle les événements de façon altérée.
- Une diminution de la capacité à prendre des décisions.
La personne en détresse transmet inconsciemment des signaux qui font appel au soutien des membres de son entourage. À titre d’exemple, elle peut présenter une allure triste qui va susciter des questions et des commentaires.
Face au diagnostic de maladie mentale, chaque membre de l’entourage et la personne concernée connaîtront l’étape de l’état de choc. La durée de cette étape va varier, dépendant des forces vives de chacun et de l’impact de la maladie sur l’individu. Lorsque l’on constate l’impact de l’état de choc et la diminution de la capacité de jugement de la personne, force nous est de constater qu’il ne s’agit pas d’un moment propice pour prendre des décisions à long terme. C’est plutôt un moment important pour faire confiance à d’autres personnes et accepter l’aide que nous demandons inconsciemment.
À retenir
Le danger d’un événement stressant est de chercher des solutions qui peuvent être dommageables pour soi, à titre d’exemples : recourir à l’utilisation d’une substance chimique pour chercher du réconfort, se laisser envahir par la source de stress ou, encore, ne plus faire confiance aux habiletés des membres de l’entourage pour assumer une partie du fardeau.
Foire aux questions
Comment expliquer ce qui se passe aux autres membres de la famille, aux amis, à mon proche ?
Avec ouverture et franchise. Il est important que tous ceux qui maintiennent un lien avec la personne atteinte partagent leurs préoccupations avec leur entourage. Une explication de la maladie mentale et de ses manifestations dans le quotidien va permettre d’évacuer la tension que l’on ressent face à l’inconnu. Il faut se rappeler que la personne atteinte va évoluer dans sa maladie, tout comme les personnes autour d’elle, alors il faut éviter l’étiquetage.
Les membres de l’entourage peuvent aussi partager leur détresse, leurs inquiétudes et leur sentiment d’impuissance, un fardeau partagé est toujours moins lourd ! Ton proche fait toujours partie du réseau familial et peut partager les mêmes inquiétudes. Plus vous serez renseignés, moins vous vous sentirez envahis par la maladie.
Depuis l’annonce de la maladie de mon proche, j’ai assumé beaucoup de responsabilités pour éviter de surcharger les autres membres de la famille. Est-ce que j’ai pris la bonne décision ?
Malgré le fait que tu aimerais protéger tous ceux que tu aimes des retombées de la maladie, c’est impossible de le faire. Il faut aborder le problème comme tu le faisais avant la maladie de ton proche en impliquant tous ceux qui étaient interpellés dans la décision. Les gens qui sont les plus touchés par la situation doivent avoir l’occasion de s’exprimer dans la recherche de solutions.
Depuis l’annonce du trouble mental de mon proche, ma vie semble en suspens. Comment la remettre en marche ?
Selon ses expériences de vie, chaque personne va réagir différemment. Les émotions vécues (colère, tristesse, culpabilité, etc.) seront exprimées différemment selon plusieurs facteurs : l’âge, l’éducation, le sexe, l’expérience de vie, etc.
Afin de cheminer dans cette nouvelle situation, il est important de permettre aux différents membres de l’entourage de reconnaître qu’ils vivent une perte et que ceci entraîne de nouvelles inquiétudes et émotions. Ces pertes se vivent comme un deuil. Pour avancer, ces pertes devront être identifiées et les émotions exprimées.